Editorial du 22/7/2022
Ne nous y trompons pas. En annulant l’arrêt Roe contre Wade, la Cour suprême des Etats-Unis n’a pas interdit l’avortement. Elle n’a fait que renvoyer la question aux Etats de l’Union. En effet, l’IVG ne relevant pas de la Constitution des Etats-Unis, la Cour suprême n’était pas compétente en 1973 et ne l’est pas davantage aujourd’hui. Mais, parce que c’est la Cour suprême, l’opinion a vu dans cet arrêt comme les prémices d’un futur amendement à la Constitution sur le droit à l’avortement. Pour les farouches défenseurs de la culture de mort, c’est donc un recul ; d’autant que de nombreux Etats ont immédiatement interdit l’avortement et fermé les avortoirs. A contrario, certains députés européens se sont empressés de proposer l’inclusion du droit à l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, pour consolider ici ce qui se détricotait là-bas.
Une page s’est-elle tournée ? On peut le penser. C’est en tous cas une brèche dans la culture de mort.
Mais, finalement, que l’avortement soit ou non considéré comme un « droit fondamental » garanti par une constitution, ou bien qu’il ne relève que de juridictions locales, il n’est toujours pas remis en cause en tant que droit positif (celui qu’enregistrent les législations). Or, il ne peut pas être un droit parce qu’il est contraire au droit naturel, le premier devant nécessairement se conformer au second. En d’autres termes, il ne peut s’agir d’un droit car la nature de l’acte le rend définitivement odieux : il s’agit de la destruction d’un être humain innocent au tout début de sa vie.
Certes, l’avortement découle de la détresse de femmes et de familles face à une vie naissante non souhaitée. Mais il traduit aussi le délitement moral de notre société, incapable de distinguer dans cette vie qui apparaît, une nouvelle vie humaine, qui devrait être source de joie et d’espérance. Et, en effet, les législations sur l’avortement n’ont nullement pour objectif d’apporter une attention particulière aux femmes en souffrance devant une grossesse non désirée, mais d’imposer par la législation une destruction des valeurs qui ont présidé à la construction de notre civilisation.
L’Alliance royale a toujours défendu la vie, de sa conception à la mort naturelle. Cela est inscrit clairement dans le programme que nous portons. Il n’en sera pas autrement. La défense du caractère sacré de la vie fait partie des principes non négociables. Nous ne reconnaîtrons jamais l’avortement comme un droit.
Philippe Lassalle, Secrétaire général