Conformément à loi du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobie, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a publié le 21 mars dernier son rapport sur « la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » pour l’année 2010.1
Ce document de 434 pages retrace des enquêtes d’opinion, des entretiens personnalisés aux contours très culpabilisants réalisés avec des gens définis comme « racistes » ou « racistes compréhensifs » (c’est-à-dire non-racistes mais comprenant que d’autres le soient, une catégorie de plus en plus nombreuse selon la commission, une terminologie plus que sulfureuse qui n’est pas sans évoquer le « crime par la pensée » de George Orwell : un crime dont on n’a pas forcément conscience, qui n’est pas voulu, mais dont on est néanmoins coupable) ou encore une analyse très orientée des phénomènes liés à la xénophobie en France.
On note dans ce rapport une certaine érosion du complexe des Français à l’égard des populations immigrées. Les années 90 semblent loin derrière nous avec 54% des sondés qui estiment que « ce sont avant tout les personnes d’origine étrangère qui ne se donnent pas les moyens de s’intégrer » quand seulement 39% des interrogés estiment que « c’est avant tout la société française qui ne donne pas aux personnes d’origine étrangère les moyens de s’intégrer ». Et plus de 56% des Français se disent aujourd’hui d’accord avec l’idée selon laquelle « il y a trop d’immigrés en France. »
Le rapport n’hésite pas à pointer du doigt la « responsabilité » des politiques coupables d’une certaine « libération » sur le sujet. « Un verrou a sauté dans le discours politique admis ou admissible » déplore la commission. Ce phénomène accompagne aussi la dédiabolisation du Front National voulue par Marine Le Pen. « L’extrême droite pollue le débat » s’énerve le rapport, « la lepénisation des esprits a fait son œuvre : on stigmatise les immigrés et les Roms. »
On ne peut que regretter une telle mauvaise foi de la part des membres de la commission qui n’envisagent même pas la possibilité que cette « dérive » constatée puisse être plus le fruit des conséquences de l’immigration que celui d’un discours « démagogique » de l’extrême droite et de la droite.
Et le rapport de se lamenter : « Ces éléments tendent ainsi à libérer un discours sinon raciste ou du moins à légitimer des attitudes de méfiance à l’égard de l’Autre […] Cela conduit à une certaine banalisation du discours « raciste », xénophobe ou de méfiance à l’égard de l’Autre ».
Notons une conception très extensive de la notion de « discours raciste » pour la commission. Ainsi, pour elle, faire le lien entre immigration et insécurité, par exemple, est un discours « raciste ». L’anathème est ainsi jeté.
Internet n’est pas épargné par « la contagion du discours raciste », tant par les propos qui y sont tenus que par les images qui y circulent « un des véhicules privilégié (sic) » du racisme. C’est ainsi que le rapport, avec finesse intellectuelle extraordinaire, met sur le même plan, en page 165, fleur de lys et… croix gammée !
Néanmoins, outre la synthèse de toutes les opérations de flicages et de restriction de la liberté d’expression menées par les lobbies « antiracistes », ce rapport permet notamment de mettre en exergue le profond décalage qui peut exister entre le pays réel, qui souffre de l’immigration et de ses conséquences, et les élites mondialisées qui ne cessent de geindre sur la montée inexorable du « racisme. »
Ce rapport est à dénoncer sans nuance. Outre le fait qu’il n’apporte rien au débat mais se contente de jeter des anathèmes sur ceux dont la pensée n’est pas conforme au substrat idéologique des membres de la Commission, il s’inscrit dans une logique extrêmement dangereuse qui consiste à jeter dans le « racisme » tous ceux qui n’adhèrent pas aux canons de la bien-pensance.
Craignons qu’à force de jouer avec le feu, d’exacerber les rancœurs et les colères à coups d’anathèmes stupides, et de conduire ainsi de plus en plus de Français à penser qu’ils ne seront jamais écoutés, hormis dans les extrêmes, l’effet obtenu soit strictement l’inverse de celui souhaité… ce que nous ne saurions souhaiter.
L’on pourra se demander si l’intellectuelle française d’origine algérienne, Malika Sorel, qui vient de publier un livre brûlot sur l’immigration2 sera elle aussi être accusée de racisme dans le prochain rapport de la Commission.
Stéphane Piolenc
1http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20110412/1506227_95b4_cncdh_2010_basse_def.pdf
2http://www.amazon.fr/Immigration-Int%C3%A9gration-langage-Malika-Sorel-Sutter/dp/2755506156/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1304514748&sr=8-1