Presse qui meurt

Editorial du 29 juillet

La presse écrite va mal en France. Elle vit essentiellement sous perfusion. Les grands journaux et magazines bénéficient en effet très largement d’aides et de subventions publiques. Selon le site du Ministère de la culture, 411 titres en ont obtenu en 2019. Celles-ci sont de différentes natures : tarifs postaux réduits, subventions, taux de TVA à 2,1 %… Le groupe Le Figaro a ainsi obtenu plus de 1,3 million d’euros d’aides directes ; pour Ouest-France c’est plus de 5 millions, Libération 4,1 millions ; et Le Monde reçoit plus de 6 millions toutes aides confondues.

Outre cette manne étatique, la grande presse bénéficie de revenus publicitaires et appartient le plus souvent à de grands groupes : Le Figaro est propriété de Dassault, L’Équipe appartient à ASO (organisateur d’événements sportifs : Tour de France, Dakar…) ; Drahi (SFR) contrôle Libération, L’Express, BFM, Pigasse, Le Monde et les Inrocks… Bref, la presse peut-elle vraiment être indépendante et les journalistes libres de traiter tous les sujets dans ces conditions ? L’État, la publicité et l’investisseur ont finalement plus de poids que le lecteur.

D’ailleurs, la presse perd des lecteurs. Les jeunes en particulier ne lisent plus ou peu. Ils préfèrent s’informer sur les réseaux sociaux ou en suivant des influenceurs ou youtubeurs.

La presse dite d’opinion a quasiment disparu ; sa diffusion est confidentielle ou uniquement par abonnement. La pluralité n’est plus au rendez-vous dans les kiosques ! National-Hebdo, l’hebdomadaire du Front National n’existe plus depuis longtemps, malgré les scores du parti. Minute a cessé de paraître tout comme Le Choc du mois. Rivarol a des difficultés avec la CPPAP ; Réfléchir et Agir n’est plus disponible que par abonnement pour des raisons économiques. Présent a cessé de paraître avec le numéro du 30 juin 2022. On lit (on lisait) ou pas ces périodiques, mais force est de constater que le choix se réduit. Que dire de la presse royaliste ? Il n’y en pas. L’Action française 2000 n’existe plus et a laissé la place au mensuel Le bien commun ; Point de vue n’est pas réellement un magazine militant… Les journaux royalistes sont diffusés aux abonnés ou adhérents des partis royalistes, comme le BPO et ne sont pas présents en kiosque.

Les faibles moyens financiers, les équipes de rédaction réduites, souvent bénévoles, la faible diffusion n’aident pas à promouvoir un titre, des idées ou une orientation politique hors du politiquement correct.

On se rabattra peut-être sur Valeurs actuelles, sur Front populaire, la revue de Michel Onfray, toujours de grande qualité ou sur La Furia lancée par Laurent Obertone, plus caustique. Le choix est donc réduit. Par ailleurs le coût du papier, de l’impression, de la diffusion étranglent les petites publications. Alors il faut s’abonner, lire, faire connaître, soutenir les journaux libres à commencer par le Bulletin de l’Alliance royale ; sinon, dans quelques années ou moins, toute dissidence aura disparu du paysage médiatique. Il restera certes Internet mais pour combien de temps encore ?

Régis Arnaud