Editorial du 18/5/2023
Lorsqu’un délégué syndical national, qui plus est un élu régional proche d’une mouvance révolutionnaire, scande publiquement « Louis XVI, on l’a décapité ; Macron, on peut recommencer ! », lors d’une manifestation, ou qu’un député de la même ligne politique tape du pied sur un ballon à l’effigie d’un ministre, cela représente un appel à la haine. De même lorsque quelques milliers d’individus vêtus de noir, masqués et armés défilent avec pour objectif de tout casser sur leur passage et au besoin de « tuer du flic », il s’agit tout simplement de violences ordinaires d’autant plus ordinaires qu’elles sont quotidiennes.
Mais lorsque quelques centaines de manifestants porteurs de drapeaux fleurdelisés et tricolores veulent défiler, comme ils le font depuis vingt ans, pour honorer les héros qui ont construit la France, alors le ministère de l’Intérieur identifie un risque majeur pour la République. Il dénonce a priori un trouble à l’ordre public et des slogans supposés antirépublicains pour motiver l’interdiction du rassemblement. Cette entorse au Droit constitutionnel de se réunir et de manifester pour présomption de culpabilité n’a pas été reçue par la Justice, qui a finalement autorisé l’Action Française à organiser son colloque sur « la France en danger » ainsi que son hommage à Jeanne d’Arc.
Les « thématiques abordées au cours de ce colloque n’ont pas généré de propos de nature à mettre en cause les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », contrairement aux suppositions injustifiées du préfet de police. Les manifestants de tous âges n’étaient pas armés, masqués ni casqués, mais au plus coiffés de notre symbole national, le béret, vêtus parfois d’une veste arborant un brassard tricolore et d’une chemise avec nœud papillon. Enfin pas de quoi les confondre avec les black blocs ! L’ordre était assuré : pas un pot de fleur cassé, même par accident, pas d’agressions à l’encontre de nos policiers, pas de slogans haineux ni menaçants, mais antirépublicains comme : « Action ? Française ! Vive le Roi » ou « Jeanne d’Arc à Paris ! A bas la République ! » ; c’est même avec humour que certains ont scandé « Darmanin reviens, l’Action Française en a besoin », histoire de rappeler au ministre en exercice qu’il collaborait il y a quinze ans avec le mensuel d’information du mouvement royaliste. Bien sûr aucun slogan n’a fait l’éloge de la République, mais de la part de partisans d’une monarchie héréditaire, il n’y a pas de quoi s’en offusquer ; nous n’avons jamais vu non plus de républicains arpenter les rues de la capitale en criant « vive le Roy ! »
Ce n’est pas un hasard du calendrier si en ce 13 mai, Places d’Armes, une association citoyenne rassemblant d’anciens militaires et soutiens civils autour des notions régaliennes de patriotisme, de sécurité et d’esprit de défense, avait organisé sa deuxième Marche de la fierté française avec l’espoir de regrouper une dizaine de milliers de citoyens et politiques, représentants des forces de l’ordre, médecins, avocats, militaires d’active, anciens combattants et étudiants, tous animés par un grand amour pour la France. Par crainte « d’une escalade d’initiatives menant à des violences et des troubles graves à l’ordre public », la préfecture de police de Paris a également décidé d’interdire cette manifestation contre le « déclassement de la France », manifestation soutenue par de nombreuses personnalités de la vie économique et politique, notamment par S.A.R. le Prince Charles de Bourbon-Parme. Rappelons que la première marche, qui avait été un succès, n’avait donné lieu à aucun trouble. Aucun black bloc n’avait été invité à se joindre au cortège et aucun terroriste n’avait été identifié parmi ces personnalités galonnées et même étoilées qui ont porté haut et loin les couleurs et les valeurs de la France éternelle.
Décidément on n’aime pas ceux qui veulent protéger France et, si le ton monte au ministère de l’Intérieur, c’est surtout parce que le niveau baisse. Face à leurs dénis, à leur incapacité à assurer l’ordre et la sécurité, à leur manque assumé de discernement entre terroristes, casseurs, voyous et victimes respectueuses des lois, nos élites mettent à profit leurs échecs contre les plus forts pour stigmatiser et harceler les plus faibles. Ce sont des lâches ; les risques de « troubles graves à l’ordre public » ne sont pas ceux qu’ils nous montrent ; ils le savent, mais cela permet à ces grands combattants de la démocratie de limiter la liberté de s’exprimer et de manifester, surtout dans la dignité. La « manifestation pour tous », ils n’en veulent pas !
Philippe Nourrisson