Editorial du 18/3/2022
Marianne proviendrait de la contraction de Marie, la Sainte Vierge, et d’Anne sa mère, prénoms très répandus au début du XVIIIe siècle. Ce ne sont probablement pas ces origines chrétiennes qui ont amené à appeler « Marianne » l’allégorie de la République française imaginée dans la période révolutionnaire. Elle représente, au nom de la Liberté, une femme aux seins nus, guerrière et déterminée, la mère nourricière protectrice des enfants de la cette république naissante.
Son buste est exposé dans les mairies et cette coutume, qui n’est pas une obligation, remonte aux premières années de la IIIe République, pour donner au nouveau régime une image plus sage, moins révolutionnaire que le bonnet phrygien. La tête de la Marianne figure sur les timbres et sur tous les documents officiels du gouvernement comme sur les états financiers. À Paris, une grande statue est érigée avec le slogan « Liberté, égalité et fraternité », place de la République. La Marianne, pavoisée du drapeau tricolore et sur fond de Marseillaise, et le slogan représentent les symboles les plus forts de la République.
Nous leur opposons le sceptre, la croix, la main de la justice, la couronne et le drapeau fleurdelisé, et nous y sommes fidèles. Mais nous respectons les autres symboles, ce que la République ne fait pas lorsque la Marseillaise est huée en public par ses ressortissants, lorsque le drapeau tricolore est remplacé sur les murs de l’Assemblée nationale par d’autres couleurs, notamment celles de l’arc en ciel en l’honneur des LGBT+, aux noms de la liberté, de l’égalité et de la diversité. Au cours de plus de deux siècles d’histoire, les représentations de la guide du peuple ont légèrement évolué en ce qui concerne la poitrine, les cheveux, le regard ou les expressions, empruntées à des femmes très médiatiques semblant faire consensus.
Dans cette terre de progrès qu’est devenue la France il convenait toutefois de casser cette symbolique. Alors que la guerre sévit à nos portes, que le monde entier s’interroge sur son proche devenir, notre ministère délégué à la citoyenneté a décidé d’aller à l’essentiel en frappant très fort : la nouvelle Marianne sera transgenre. Son apparence est modifiée tous les cinq ans et sa dernière représentation, celle d’une femme « forte, fière et déterminée, avec un regard franc qui mène vers l’avenir » remonte à moins de trois ans. On comprend toute l’urgence de la mesure ! Symbole de la mère et de la féminité, la future Marianne sera virtuelle et inclusive, avec un visage qui sera celui de « toutes les personnes qui se sentent femmes » pour vraisemblablement en final ne ressembler à rien ! Marianne va connaître une deuxième révolution, après quatre républiques, avec une nouvelle identité de genre qui différera « des attentes traditionnelles reposant sur le sexe féminin assigné à la naissance ».
Il s’agit d’un projet d’envergure sur lequel une équipe artistique collaborative est mobilisée pour superposer des millions de visages et obtenir celui qui représentera la France, une république sans visage, sans âge et sans âme. L’intelligence artificielle est largement mise à profit et dans tous les sens du terme car il doit y avoir beaucoup de vides à combler, surtout dans des esprits qui se veulent éclairés… Après la Marianne voilée, la Marianne transgenre, et pourquoi pas un buste pavoisé d’un ruban aux couleurs arc-en-ciel sur le socle duquel sera gravé comme nouvelle devise « Égalité – Inclusivité – Diversité », pour préparer le changement de paradigme de la République.
La Monarchie a été abolie après treize siècles, par la violence de ses adversaires. En ne respectant plus ses propres symboles, la République vieille de deux siècles poursuit rapidement sa démarche d’autodestruction, mais sans violence car sa médiocrité suffit !
Philippe Nourrisson