L’ivraie et le bon grain

30/11/2021

Les élections présidentielles se profilent et les candidatures à la magistrature suprême se multiplient. Parmi celles-ci, la possible candidature d’Eric Zemmour semble retenir l’attention de nombreux Français.

Sa stature médiatique, son talent oratoire et son discours vrai, centré sur les problèmes du moment qui assaillent nos contemporains, font de lui un sérieux concurrent, bien que sa candidature demeure incertaine.

Sa progression dans les sondages met en valeur les préoccupations partagées par une majorité croissante de nos contemporains : violence dans les cités, immigration incontrôlée, justice en déshérence, éducation nationale en déroute, souveraineté politique et économique bafouée par nos élites politiques, contrôle social par le biais du passeport sanitaire, etc. Ces constats relèvent de l’observation et du bon sens.

Cependant, au-delà de ces constats, Eric Zemmour semble avoir du mal à prendre du recul face aux principes républicains, à l’origine des dysfonctionnements de notre système politique et de notre société. Au sujet de la démocratie, il tenait les propos suivants : « la démocratie c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est la souveraineté populaire. Il faut redonner le pouvoir au peuple, à la majorité, et réduire les pouvoirs des juges et des minorités… » Un tel raccourci idéologique nous fait sourire… En effet, les révolutionnaires de tout poil ont vite compris que le peuple doit être incarné par une élite de gens capables et dignes d’entrer dans le cercle très fermé des hommes de pouvoir. Pas de place pour les « sans-dent ». Cette définition de la démocratie débouche inéluctablement sur l’oligarchie.

Il est donc difficile de sortir des discours à consonance idéologique, tant les esprits sont imprégnés par les grands principes de la Révolution. Ce type de propos, nous pourrions les retrouver dans la bouche de n’importe quel haut dignitaire du parti communiste chinois. Le problème est que l’ensemble de la classe politique partage ces concepts faux qui imprègnent les mentalités de nos contemporains. Il est par conséquent difficile d’inverser la vapeur du navire qui fonce sur des récifs, même si le capitaine en a la volonté. Les outils du navire sont faussés.

Il est donc primordial de revenir sur la définition des mots piégés, telle la démocratie. Je vous renvoie à l’analyse faite sur notre site dans les « idées reçues ».

En république, le peuple est souverain ! Ça ne veut rien dire. C’est un mythe républicain. Le peuple ne fait que désigner ses représentants et ses dirigeants. Après cela, il les subit. Est-ce cela, être souverain ? Le peuple ne donne aucune orientation stratégique. Est-ce cela, être souverain ? S’il y a un ersatz de souverain en France, c’est le président de la Ve République. Alors, pourquoi ne pas le remplacer par un vrai ?

Les récentes élections ont montré que les Français participent de moins en moins aux scrutins. Notre ami, Pierre Jeanthon, dans la revue « le Cri du Chouan » dressait la liste du taux de participation moyen dans trois scrutins différents :

  • Le 27 juin 2021, second tour des élections régionales : taux de participation moyen dans trois régions (Hauts de France, Rhône Alpes, Ile de France) : 33,33 % des inscrits.
  • Le 6 juin 2021, législatives partielles (4 circonscriptions électorales) : 20,76 % des inscrits.
  • Le 6 avril 2021, second tour des élections syndicales dans les TPE : 5,41 % des inscrits.

Les partis politiques ont fait main basse sur le politique et les Français sont exclus des centres de décision qui les concernent en premier lieu. Ce ne sont pas des déclarations de principe qui changeront la situation.

Il nous faut en premier lieu un chef de l’Etat qui soit un véritable arbitre, c’est-à-dire un chef de l’Etat indépendant de tous les clans participant au débat politique. Cet arbitre doit protéger le bien commun de la nation des minorités qui veulent imposer leur point de vue et des puissances étrangères qui, par leur puissance économique et politique, souhaitent s’opposer à nos intérêts. Un président de la République élu au suffrage universel ne peut remplir cette fonction arbitrale, étant le représentant d’un clan.

Si nous voulons sortir de l’impasse politique dans laquelle se trouve la France, il nous faut renouer avec l’institution qui a fait la France : la royauté. Elle seule, de par ses qualités intrinsèques, nous donnera la force du redressement et nous permettra d’affronter l’avenir.

Philippe Lassalle