Liberté d’expression ?

Editorial du 7/1/2023

La liberté de conscience, la liberté de penser, la liberté de s’exprimer avec son cœur et en vérité sont des dons offerts en partage par les valeurs judéo-chrétiennes. Enlever cette part de divinité en l’homme nous ôte notre humanité et la caractéristique unique de l’être humain, capable de recourir dans son intimité personnelle au choix intérieur qui mène à s’exprimer par des paroles ou des actes selon sa conscience et son libre arbitre, par une décision réfléchie entre le bien et le mal.

La plainte déposée contre Michel Houellebecq par la grande mosquée de Paris constitue un message fort : bâillonner ceux qui ne rentrent pas dans la stratégie d’entrisme culturel islamique en France ainsi que ceux qui s’y opposent ou n’y adhèrent pas. Après la plainte de cette institution contre Charlie Hebdo en 2006 – nous en avons vu le résultat le 7 janvier 2015, il y a 8 ans, et le 16 octobre 2020 contre le professeur Samuel Paty – porter plainte à l’encontre de cet écrivain français le désigne à la vindicte des fanatiques islamiques et peut s’apparenter à une fatwa à peine masquée. Quant au journal « Front Populaire », il serait judicieux de protéger ses locaux… comme ses éditorialistes, philosophes ou journalistes.

Afin de calmer les velléités du recteur de la mosquée et de se soustraire à la vindicte des fanatiques, avec la médiation du grand rabbin, l’écrivain a réécrit le texte et entre dans une soumission raisonnable. Bien sûr, se positionner en mode « survie » ne peut pas être condamnable car la plainte a été enlevée et suivie de l’abandon des poursuites pénales. Pourtant ne nous leurrons pas… le mal est fait. Il va devenir très difficile d’exprimer ou de constater une incompatibilité entre la laïcité, la culture judéo-chrétienne, les mœurs françaises et un islam conquérant, sans encourir le risque d’une procédure judiciaire pour « provocation à la haine » ni être traités d’islamophobe, « d’extrémiste de droite » ou de blasphémateur.

L’Iran, le 5 janvier 2023, après une publication de caricatures d’un ayatollah dans l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, accusa notre pays « d’inaction continue face aux expressions d’anti-islamisme et à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises ». Le site internet de l’hebdomadaire subit une cyberattaque au même moment. En mesure de représailles contre notre pays, Téhéran ferme l’Institut français de recherche en Iran. N’oublions pas non plus les sept otages politiques français détenus dans ce pays, autre moyen de pression pour combattre la liberté d’expression, de penser ou de conscience…

L’intimidation continuelle, le délit d’opinion, la censure ou la réduction à l’autocensure sont les fruits de l’esprit d’inquisition ambiant qui s’attaque à notre identité. Le paradoxe français, c’est la propagande active des médias qui mettent la France sous surveillance, y compris la presse, les médias radiophoniques et télévisuels non alignés sur la pensée « dominante », en dénonçant et qualifiant systématiquement « d’extrémistes » ceux qui mettent en garde contre les risques à venir.

Si la police de la pensée en Iran est l’apanage du pouvoir, en France en revanche, c’est le rôle que se sont dévolus les médias, de nombreux organes de presse, les géants d’internet et une partie de l’oligarchie ; haineux de notre pays, ils véhiculent la peur, la contrainte et la servilité à leur profit.

« Tous Charlie » se révèle un vœu pieux. L’esprit français ? La République ne le défend pas, bien au contraire, elle creuse sa tombe… Culture, patrimoine, mœurs, fraternité et liberté se désagrègent sous ses coups de boutoir. L’espérance existe dans nos cœurs car le démantèlement ne saurait perdurer. Ayons confiance en nos compatriotes qui restent attachés à l’amour et à la vérité ; ils ne sont pas prêts à perdre leur âme.

Olivier Leconte