A la suite du Jour de Colère du 26 janvier à Paris, on a pu entendre ça et là des réserves, émises par ceux-là même dont on était en droit dʼattendre – connaissant les critiques quʼils font du système – quʼils en aient été de fervents soutiens. Disons-le tout de suite, les critiques quʼils adressent aux organisateurs du Jour de Colèrpour injustifiées dans certains cas, pour exagérées dans dʼautres quʼelles soient, ne sont pas inintéressantes dans la mesure où elles portent sur la finalité. Ce qui nous intéresse tous. Nous les royalistes en premier. Un bref rappel de ces critiques, pour celles qui ne sont pas dérisoires ( comme cette mention “ dʼassociations extrémistes “ qui reprend étrangement des accusations dignes du Front Républicain ). Il se serait agi dʼun rassemblement hétéroclite de républicains nationalistes, dʼopposants à lʼislamisation de la France, de militants anti-IVG, de marcheurs de la Manif Pour Tous, de Bonnets Rouges, de royalistes de LʼAlliance Royale, de militants de lʼAction Française, de partisans de la défense de lʼidentité française, de militants anti-racket fiscal, etc…. – Le seul programme politique affiché aurait été la chute de François Hollande. Bref, impression de cacophonie, de magma bigarré, de melting pot. Mais rien qui situe le combat au cœur : remettre en cause les soubassements mêmes du régime. Et ces critiques de conclure que cʼest aux royalistes de proposer une solution à cette colère. Parce que cʼest la République qui la provoque et que cʼest la monarchie, seule, qui, apportera des réponses. Avec quelques amis de lʼAlliance Royale qui étions à la manifestation, nous répondons ce qui suit. Nous sommes parfaitement dʼaccord avec la conclusion, et parfaitement conscients du chemin qui reste à parcourir pour y parvenir. Mais comment peut-on rêver de parvenir un jour au but sans accepter de parcourir le chemin qui nous en sépare ? En ce qui concerne la diversité des motivations, jamais un royaliste sérieux ne la déplorera. Car il sait quʼil lui appartient non dʼen rire, de sʼen moquer, ou pire de les nier, mais de les composer. Sauf à confondre royauté et tyrannie. Or, et cʼest un des motifs de grande satisfaction de cette journée, si les motivations étaient diverses, les expressions de chacune ont été acclamées par tous. Car il faut être aveuglé par ce quʼon veut à tout prix démontrer pour ne pas voir quʼil nʼy avait aucune contradiction entre les revendications des uns et des autres. Et les participants ont parfaitement senti – peut-être même compris – quʼils vivaient là un grand moment dʼunité. Il nʼy a eu aucun son discordant. Et un grand moment dʼunité, nʼest-ce pas déjà au moins implicitement “ royal” ? En ce qui concerne le manque de propositions politiques concrètes, tant quʼon le mentionne pour rappeler le but à atteindre, cʼest une critique positive. Mais si on sʼen prévaut pour se retirer de la course, on lʼa déjà perdue. Le chemin à parcourir – et les participants en ont parcouru dimanche un petit bout, cʼest de faire travailler ensemble des gens qui jusque là sʼignoraient; cʼest dʼaccepter de voir lʼimmense bonne volonté de la grande majorité pour ne pas dire la totalité des participants ( en ce qui nous concerne, nous nʼavons vu comme individus douteux que les provocateurs de la police en civil ) ; cʼest dʼêtre le témoin de lʼouverture dʼesprit de ces jeunes qui dʼeux-mêmes viennent vous interroger sur ce que pourrait apporter le roi dans le débat actuel. Ces jeunes qui vous remercient chaleureusement des explications que vous leur donnez. Auraient-ils fait la connaissance de lʼAlliance Royale si aucun de ses membres nʼavait fait le déplacement ? Avoir un public de “ chercheurs de vérité “ sous la main et ne pas la leur donner, nʼest-ce pas cela quʼil faudrait regretter plutôt que de nʼêtre pas encore au bout du chemin ? Au bout du compte, est-ce que ces critiques ne seraient pas à inscrire dans la ligne dʼun certain confort intellectuel dʼune vérité qui se croit aboutie plus que dans celle du combat nécessaire pour la faire aboutir ? Ce combat est peut-être plus ingrat en apparence, mais il est aussi plus gratifiant. Il est aussi un remède contre lʼaigreur et le doute. Quand certains disciples du Christ, bien quʼayant été témoins de la Résurrection expriment
encore des doutes, la réponse du Seigneur est de les envoyer évangéliser toutes les nations. Si pour nous la vérité se suffisait à elle-même, le Christ aurait pu se contenter de nous dire quʼil était la Vérité. Mais se mettant à notre portée, parce que nous nʼavons pas fait notre unité intérieure, Il nous dit : “ Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie “. Il faut donner vie à la vérité royale. Et accepter pour cela dʼaller à la périphérie, comme dirait le pape.
Gérard Laguérie, délégué AR Aquitaine