Il revient, le temps des cathédrales

Editorial du 11/6/2023

Interrogé par CNEWS, il déclare en toute simplicité : « Ce que je sais, c’est que je n’étais pas là par hasard sur mon chemin des cathédrales. J’ai croisé la route de cet homme et j’ai agi vraiment instinctivement. » « Cet homme », c’est l’assassin qui vient de poignarder six personnes dont quatre jeunes enfants de deux à quatre ans et « il » s’appelle Henri ; c’est un héros, pas du type de ceux que l’on honore pour leurs œuvres ou leurs exploits sportifs, mais ceux dont la France a besoin pour empêcher que les limites de l’horreur soient sans cesse repoussées, que des innocents soient assassinés dans le déni et l’indifférence de nos élites, et accessoirement que notre pays retrouve sa dignité, celle que le colonel Arnaud Beltrame avait ressuscitée par son courage. Celui qui est désormais appelé le « héros au sac à dos » a eu le courage de s’interposer esquivant à mains nues les assauts à l’arme blanche pour empêcher l’assassin de poursuivre ses actes de barbarie, le temps que la police intervienne pour le neutraliser. « Je n’ai pas réfléchi et, pour moi, c’était impensable de ne rien faire. Quand j’ai agi au square, ce qui m’a poussé, c’est cette grandeur dont je me nourris. Il ne faut pas me traiter en héros national, j’ai agi comme un Français devrait agir, c’est-à-dire que j’ai suivi mon instinct et j’ai tout fait pour protéger le plus faible. » C’est avec pudeur que cet ancien chef scout d’Europe confesse sa foi catholique, celle qui le fait vivre dans une résistance au service de ceux qui méritent de l’aide. Pour ce diplômé en management international et en philosophie, cet admirateur de l’écrivain royaliste Jean Raspail, « toute la civilisation chrétienne sur laquelle s’est construit notre pays est justement un message chevaleresque de défendre la veuve et l’orphelin ». Animé « d’une force intérieure très puissante » pour repousser l’assaillant, il a eu peur pour sa vie reconnaît-il avec humilité, « mais j’ai surtout eu peur pour la vie des autres, je ne voulais pas qu’il blesse d’autres personnes », rendant aussi hommage à d’autres témoins qui spontanément se sont portés au secours des jeunes victimes.

Sous une pluie d’hommages, Henri qui traverse la France depuis deux mois pour découvrir ses plus belles cathédrales reprend ses sacs à dos qui lui ont servi d’attaque et de défense, pour continuer son périple. Son comportement exemplaire, son courage, et ses qualités humaines, devraient servir d’exemple à ses détracteurs qui, dans leur confort et l’anonymat des réseaux, ne voient en lui qu’un routard blanc, catholique de surcroît, arborant un drapeau tricolore sur la manche de son maillot. « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » disait A. Einstein ; ces détracteurs sont doublement coupables de faire le mal et de regarder le monde sans rien faire, mais peut-être ne sont-ils pas responsables ? N’en déplaise à ces castes élitaires dont l’hygiène culturelle est parfois suspecte, il existe des Français de tous âges issus des profondeurs chrétiennes de la France, au-dessus de l’idéologie et du matérialisme, qui ont le sens du sacré et celui du sacrifice au service du bien commun. Ces Français de « l’anti-décivilisation » sont aussi ceux qui ont assuré le succès du récent pèlerinage de Chartres sur le chemin de Charles Péguy, de cathédrale à cathédrale.

Merci à ce héros, ce survivant de l’éthique chevaleresque de la France, descendant spirituel de Péguy. Merci à ce modèle qui en sauvant des vies, donne aussi l’espoir que tout n’est pas perdu en France.

Philippe Nourrisson