La Bretagne a disparu en tant que telle lors de la révolution lorsqu’elle a été découpée en cinq départements. Sa langue a été immédiatement traquée à l’instar des autres langues et dialectes du pays.
Au XIXème siècle, la Bretagne, délaissée et livrée à elle-même, prend un retard considérable car bien que la condition paysanne s’améliore, l’écroulement de l’industrie entraîne l’émigration de milliers de Bretons qui fuient la misère. Dans les années 1850, il s’agit pas moins de vingt mille départs par an.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, certains auteurs parlent même de sous-développement.
La Bretagne a été traitée de fait par la France comme une colonie parmi d’autres :
Exploitation de la main d’œuvre, y compris pour la guerre de 14 dans laquelle le pourcentage de Bretons tués est le double du pourcentage des Parisiens. Le chiffre de 240000 morts militaires est couramment admis privant ainsi la Bretagne d’une grande partie de sa force vive.
Aujourd’hui le mouvement des bonnets rouges se situe dans une logique de rébellion face à un pouvoir jacobin centralisateur à outrance, et l’exaspération dont ils se font l’écho n’est que l’expression caractéristique d’un ras le bol généralisé :
– Les Bretons sont lassés de voir les prix de l’immobilier grimper sur la côte au profit des Parisiens qui peuvent, eux acheter, et font de fait monter les prix, au détriment des locaux.
– Ils sont excédés par les interventions récurrentes de Paris qui, après avoir torpillé la pêche locale, réduisent de manière drastique les débouchés agricoles et industriels.
– Les Bretons sont déconcertés enfin de voir les impôts servir de manière quasi exclusive au développement francilien (le « Grand Paris ») plutôt que de servir légitimement au développement naturel de la région, et de voir par exemple que seuls les grands axes ferroviaires parisiens sont systématiquement privilégiés, alors que nos élus locaux à juste titre réclament en lieu et place une multiplication des petites lignes d’intérêt local.
Nous ne parlerons pas de ND des Landes ni développement excessif des super métropoles du types Nantes ou Rennes, au détriment d’un secteur rural pourtant essentiel.
Bref, force est de constater que la vision bretonne du développement économique et social de la Bretagne est radicalement différente de la vision parisienne.
.A Quimper, le 5 novembre, indépendantistes et autonomistes ne semblaient pas majoritaires. Pourtant le constat est simple : la majorité des bretons veut simplement travailler et voir l’économie locale redémarrer activement, avec une présence moindre de l’état, moins d’impôts, davantage de régionalisme, une équité accrue, et surtout pouvoir décider en toute conscience de leur propre avenir.
Partant du constat actuel de la situation bretonne, les perspectives du mouvement breton sont simples :
Soit la dynamique de protestation résiste, s’étoffe, et perdure et nous repartons pour quelques années dans le même style, soit le mouvement populaire s’amplifie en Bretagne tout d’abord, et réussi à déboulonner les élus complices du Système, pour ensuite progressivement s’étendre à d’autres régions de France.
Et à partir de là, tout devient désormais possible.
On peut d’ailleurs faire à juste titre une mise en parallèle de la problématique actuel avec celle bien connue de 1788 : émeutes en France, une réaction populaire plus forte que les autres à Rennes, des problèmes économiques, un déficit financier de l’Etat, sur fond de crises des impôts, et surtout un gouvernement faible qui s’avère incapable de prendre les mesures énergiques qui s’imposent, et enfin l’arrogance des apparatchiks, proches du pouvoir.
On connaît la suite…
Le danger aujourd’hui qui guette le mouvement populaire est de voir les élus bretons de l’UMPS confisquer cet élan contestataire pour devenir les seuls interlocuteurs avec qui le gouvernement voudra négocier.
Pour eux, bretons ou pas, la soupe est bonne à Paris et il serait stupide de se tirer une balle dans le pied. C’est ce que la déléguée CGT a bien compris lors de la réunion à la préfecture de Rennes le 6 novembre 2013, à l’occasion de la discussion du Pacte d’avenir de la Bretagne annoncé par Paris qui, décidément, s’obstine à faire celui qui ne veut pas comprendre que la Bretagne souhaite décider par elle-même de son avenir.
Aussi a-t-elle claqué la porte, car des promesses, cela fait rien moins que 200 ans que la Bretagne les voient passer sans que finalement rien ne change en profondeur.
Certes la république se veut une et indivisible, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’autre identité pour les personnes que celle d’être un citoyen de la République Française, cependant dés lors que deviennent les particularités locales qui font la richesse du patrimoine culturel français ?
C’est l’impasse dans laquelle la revendication bretonne (et plus généralement toutes les revendications régionales) se trouvent aujourd’hui, tandis que sous un régime royal la diversité des peuples qui forment la France redevient une réalité et ne pose plus aucun problème : des peuples et un roi.
L’Alliance royale propose donc un redécoupage des régions actuelles par référendum d’initiative populaire. La réforme territoriale est réfléchie en termes de subsidiarité. L’édifice territorial part donc des quartiers au sein des communes et remontent progressivement jusqu’au Parlement, et non l’inverse comme c’est le cas aujourd’hui.
Les régions doivent être autonomes dans le domaine de la formation professionnelle, scolaire et universitaire, parce qu’elles sont proches des bassins d’emploi.
Tout l’enjeu réside dans une remise à plat de la décentralisation.
De notre délégué en Bretagne