Quand j’étais à l’école il était indélicat de se revendiquer Français et à plus forte raison de parader avec un quelconque symbole tricolore.
Les autorités morales du pays nous intimaient de cacher ces signes colorés d’appartenance à notre pays. Si nous nous risquions à sortir nos couleurs nous avions immédiatement les gros yeux. Au mieux nous étions inconscients, au pire complices de raviver les heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. Nos professeurs ne manquaient pas de nous rappelerla royauté autoritaire, l’esclavage, les crimes contre l’humanité et l’occupation. Nous étions des enfants de la “Bête immonde” en aimant nos couleurs.
Lors de la dernière manifestation de l’Euro c’est moi qui étais outré. Tous ces drapeaux aux fenêtres, tous ces rétroviseurs parés, tous ces supporters maquillés, perruques outrancières et drapeaux sur les épaules. Que dire de ces parcs fermés de supporters hurlant devant des écrans géants et agitant frénétiquement de ridicules fanions blafards? La consommation se portait bien, le moral aussi et le porte-monnaie se vidait petit à petit que la compétition voyait l’équipe dite-bleue accéder à la finale. Quelle overdose de couleurs, de slogans amoureux, de maillots licenciés, d’étoiles plein la tête!
Au lendemain de la débandade tout est redevenu gris, le vernis a enfin sauté. Plus de drapeau obscène, plus de slogan guerrier, plus de bruit. Le chauvinisme sportif, artefact jetable, est réellement très éloigné du patriotisme authentique.
Thibaud Brière-Saunier,
Délégué Alliance royale Eure-et-Loir